D’un point de vue anatomique, les lésions traumatiques du bassin (fractures, luxations, entorses) peuvent entraîner des ruptures de l’anneau pelvien au niveau de six zones : la symphyse pubienne, le cadre obturateur, l’aile iliaque, l’articulation sacro-iliaque, le sacrum et l’articulation coxofémorale (cotyle) (figure 1).
Les traits de fracture peuvent être isolés ou associés entre eux, simples ou comminutifs, déplacés ou non.
Figure 1 : Anatomie du bassin (vue inlet / outlet)
La prise en charge de ces traumatismes ostéo-articulaires du bassin est souvent complexe. Elle est souvent associée à un contexte polytraumatique (fracture et/ou luxation du bassin avec d’autres zones anatomiques lésées) ainsi qu’avec de possibles complications associées (hémorragies, lésions thoraciques, lésions cérébrales, lésions génito-urinaires et/ ou cutanées...) (figure 2).
Les lésions traumatiques nécessitent donc souvent une prise en charge multidisciplinaire impliquant réanimateurs, chirurgiens abdominaux, chirurgiens vasculaires, neurochirurgiens, urologues, radiologues... et chirurgiens orthopédiques !
Figure 2 : Statistiques Trauma Center CHR de la Citadelle
Injury pattern in the TR-DGU for the basic group from 2019
Lors de la prise en charge multidisciplinaire de ces patients polytraumatisés, notre équipe y est, entre autres, sollicitée pour les patients nécessitant des soins pour une ou plusieurs lésions du bassin.
Souvent, ces lésions du bassin nécessitent une prise en charge spécialisée, en particulier pour la prise en charge chirurgicale. Notre hôpital dispose, pour se faire, d’une équipe d’infirmiers et de chirurgiens orthopédiques rodés à la traumatologie du bassin, ainsi que d’une infrastructure à la pointe (table radio transparente dédiée à la chirurgie du bassin, ancillaire spécifique...).
Le traitement de ces lésions du bassin était autrefois, ou dans certains hôpitaux, uniquement orthopédique (réduction par suspension dans un hamac, le long alitement ou encore la traction au long cours). À l’heure actuelle, ces techniques sont de moins en moins utilisées et notre service privilégie le plus souvent le traitement chirurgical par fixation externe (fixateur externe et pelvi-clamp) et l’ostéosynthèse interne à foyer fermé ou ouvert (plaques et/ou vis) (figure 3). La chronologie des actes opératoires est discutée en fonction du type de lésion et de l’état du patient.
Figure 3 : Ostéosynthèse bassin par plaque et vis
Le traitement chirurgical des lésions du bassin nous permet de diminuer les répercutions anatomiques des lésions à grand déplacement et/ou complexes, ainsi que de favoriser une rééducation et un retour fonctionnel plus rapides.
En pratique, il existe trois tableaux cliniques :
- les lésions du sujet âgé qui est exposé aux complications de décubitus,
- la lésion isolée du sujet jeune en bon état général qui est exposé aux séquelles fonctionnelles,
- les lésions dans le cadre d’un polytraumatisme nécessitant une décision multidisciplinaire.
Chez le sujet âgé, la rupture survient après une chute de sa hauteur. Le danger provient de l’alitement et des complications de décubitus. La chirurgie nous permet ainsi de sortir rapidement le patient de son lit. Une fois passé l’obstacle des complications du décubitus, les séquelles sont souvent modestes.
Chez le sujet jeune, la rupture est souvent associée à un polytraumatisme. Le danger immédiat est hémorragique, la prise en charge est multidisciplinaire. Pour le polytraumatisé, il faut avant tout sauver la vie et puis sauvegarder les fonctions.
La chirurgie nous permet de stabiliser les lésions du bassin et de diminuer les déformations anatomiques. Cependant, les traumatismes à haute énergie restent des pourvoyeurs de graves séquelles de l’appareil locomoteur et un certain degré de morbidité persiste malgré un traitement bien conduit.
De plus, les séquelles fonctionnelles des lésions du bassin sont souvent associées aux séquelles des autres éléments du polytraumatisé, qui nécessitent également souvent une chirurgie.
Pour conclure, la prise en charge chirurgicale des lésions du bassin reste complexe et nécessite un traitement adapté au cas par cas par une équipe habituée à ce type de traumatismes, ce qui est le cas au CHR de la Citadelle.
Le plus souvent, lorsqu’elle est possible, la prise en charge des ruptures de l’anneau pelvien nécessite une ostéosynthèse interne.
ÉPIDÉMIOLOGIE DU TRAUMA CENTER DU CHR DE LA CITADELLE
Patients
- >220 patients/an admis dans le Trauma Center
- >26% de patients transférés vers notre Trauma Center
- Âge moyen de 40 ans (11% >70 ans, 13% 15 %, basse energie 19%)
- Suicide >4% • Agression 10%
Transfert
- 26% dans un centre de rééducation
- 60% rentrent directement au domicile
Lésions associées
- 57% de lésions à la tête
- 11% de lésions faciales associées
- 22% de lésions de la colonne
- 33 % de lésions thoraciques
- 18 % de lésions des organes intrapéritonéaux
- 16% de lésions du bassin
- 22% de lésions des membres supérieurs et 17% des membres inférieurs
RÉFÉRENCES
- Paparel P, Voiglio EJ, Fessy MH et Caillot JL, fracture du bassin, Encyclopédie Médico-Chirurgicale, Elsevier SAS, Urgences, 24-100-C-10.
- Rockwood and green’S, fractures in Adultes, 7th edition, 2eme Volume.
- Ao Surgery Reference et Ao/OTA Classification.
- Annual Report 2020, Trauma Register DGU.
- Matta J, Surgical Approaches to fractures of Acetabulum and Pelvis.