Le service de cardiologie implante une prothèse aortique en passant par un abord axillaire

09/12/2020

Mercredi 2 décembre, le service de cardiologie du CHR de la Citadelle a implanté avec succès une prothèse aortique en passant par l’abord axillaire. Une technique percutanée innovante qui repousse toujours plus loin les limites de la médecine au profit du patient.

De quoi parle-t-on ?
Un dysfonctionnement de la valve aortique entraine des essoufflements, des malaises qui peuvent être dangereux pour le patient. Appelé « sténose aortique » (la valve ne s’ouvre plus), cette pathologie assez répandue touche principalement les personnes de plus de 75 ans.
Pour y remédier, il faut donc implanter une prothèse en remplacement de la valve défectueuse : « La technique la plus ancienne consiste à ouvrir le sternum pour avoir accès au cœur », résume le Dr Charles Pirlet, « ce qui implique une chirurgie lourde, une hospitalisation longue, un passage aux soins intensifs, sans compter la multiplication des risques puisque le patient est souvent âgé ».
Depuis, une autre technique a peu à peu émergé : le TAVI (Trans-catheter Aortic Valve Implantation) qui est l’implantation d’une valve aortique biologique par voie percutanée, c’est-à-dire sans ouvrir le thorax, mais en passant le plus souvent par l’aine (via l’artère fémorale). « Depuis avril 2010, nous avons investi cette technologie au CHR de la Citadelle », explique le Dr Suzanne Pourbaix. « Cette technique a évidemment l’avantage de rendre plus légère l’intervention et de minimiser les risques. De nombreux patients ont pu en profiter à ce jour, mais il faut savoir qu’à l’heure actuelle, le TAVI n’est pas remboursé dans la majorité de cas, ce qui est évidemment un frein. Cette technique est dès lors supportée par notre fonds de recherche et notre institution ».

D’une faiblesse, une opportunité
Utilisé dans 90% des cas, ce passage par la voie fémorale n’était pourtant pas possible dans ce cas-ci : « Le patient, âgé de 84 ans, a en effet les artères fémorales bouchées, souffre en plus d’une insuffisance rénale et dispose d’un pacemaker. Avoir recours à la chirurgie lourde ou à une « TAVI classique » n’était donc pas envisageable », relate le Dr Christophe Dugauquier, qui a mené l’opération en compagnie du Dr Pirlet. « Avec une équipe pluridisciplinaire – chirurgiens, radiologues, gériatres, cardiologues, anesthésistes – du CHR, en partenariat avec un médecin-expert externe, nous avons donc pensé à cette solution qui fait passer la valve de substitution par le dessus du corps (l’abord axillaire étant accessible sous l’épaule). L’opération a ainsi minimisé les risques et le patient a pu rentrer chez lui 48 heures après l’opération, avec pour seul souvenir une petite incision de 6 millimètres dans le corps ! ».
Cette « première », réalisée avec la valve Portico de la firme Abbott et le soutien d’un expert international, repousse donc les limites de la technique et des indications: « Dans cette période éreintante pour le monde médical, où la pression sur le personnel est énorme, je ne peux que saluer la prouesse de l’équipe », conclut le Dr Pierre Troisfontaines, chef du service de Cardiologie au CHR de la Citadelle. « Outre l’aspect technique, c’est l’intelligence collective qui est à mettre en exergue : cela nous rappelle que la médecine est avant tout une formidable aventure humaine capable de faire tomber des murs ».
Une nouvelle intervention de ce type est d’ores et déjà prévue en février 2021. Et l’équipe insiste bien : une technique ne remplace pas une autre, et la meilleure sera utilisée en fonction du cas clinique qui se présente et qui sera discuté en réunion pluridisciplinaire avec la 'Heart Team'.

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La valve de substitution est implantée dans la valve aortique défectueuse (dans le cas du CHR, en passant par l’abord axillaire) (copyright Abbott).