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La reconstruction mammaire, un choix personnel

Chaque jour, en Belgique, vingt-cinq femmes en moyenne apprennent qu’elles souffrent d’un cancer du sein. Une femme sur neuf court le risque d’être un jour touchée par cette maladie. 
Les traitements curatifs sont évidemment indispensables pour atteindre la rémission ; la reconstruction mammaire après ablation d’un sein est, elle, un choix. D’où l’importance pour les femmes concernées d’être bien informées à ce sujet.

Dans le parcours du traitement du cancer du sein, la reconstruction mammaire est la seule opération que la patiente peut choisir de faire ou non.
En effet, dès que le diagnostic de cancer est posé, s’enchaîne une série de traitements (radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie) et d’opérations (mastectomie ou tumorectomie) indispensables à la guérison. En cas de mastectomie (ablation d’un ou des deux seins), la reconstruction mammaire est un choix personnel, le fruit d’une discussion entre la patiente, son entourage et le chirurgien esthétique. « Certaines femmes vivent très bien sans leur(s) sein(s) et n’envisagent pas du tout une énième opération chirurgicale », explique le Dr Christophe Ronsmans, chef du service de chirurgie plastique de l'hôpital de la Citadelle. « Pour d’autres, la mastectomie est vécue comme une mutilation. Elles ne supportent plus de se regarder dans un miroir. Se toucher ou même se laver est source de souffrance … sans parler de la vie de couple qui est souvent impactée. Chez ces
patientes, la reconstruction mammaire doit être envisagée. »

Plusieurs types, différentes techniques

La reconstruction peut se faire de manière immédiate (le sein est reconstruit au moment de l’ablation) ou différée (le sein est reconstruit plusieurs mois voire plusieurs années après la mastectomie). Le timing à privilégier est discuté lors d’une réunion pluridisciplinaire réunissant les différents spécialistes impliqués (sénologue, radiologue, oncologue et chirurgien). La majorité des femmes peuvent avoir recours à une reconstruction immédiate, sauf si le cancer est trop avancé ou métastasé.

Il existe un éventail de techniques de reconstruction, mais aucune ne supplante les autres. Une technique sera plus adaptée à telle patiente en fonction de son type de cancer, des traitements suivis, de ce qu’elle souhaite obtenir comme résultat final et ce qu’elle est prête à accepter comme chirurgie. Certaines techniques sont en effet plus compliquées et invasives que d’autres.
 
  • La reconstruction par prothèse
Il s’agit de la technique la plus simple : reconstituer le volume et les contours du sein par la mise en place d’une prothèse interne. Cette technique donne de bons résultats mais a l’inconvénient d’être associée à un corps étranger. La durée de vie de la prothèse est limitée dans le temps : elle devra être remplacée au bout d’une quinzaine d’années environ.
 
  • Les reconstructions autologues
Ces techniques sont plus complexes car elles consistent à reconstruire le sein de la patiente à partir de ses propres tissus, soit en prélevant de l’excès de peau et de graisse dans la région abdominale (technique du lambeau DIEP), soit en prélevant de la peau et de la graisse au niveau du
dos et en utilisant le muscle grand dorsal (technique du grand dorsal), soit en utilisant d’autres techniques de réinjection de graisse (technique du lipofilling).

« En consultation, nous discutons, avec la patiente, des avantages et inconvénients de ces techniques », poursuit le Dr Ronsmans. « L’avantage de la reconstruction par prothèse, c’est qu’il n’y a aucune autre cicatrice ailleurs. Quand on réalise une reconstruction par grand dorsal ou par DIEP, une
nouvelle cicatrice est créée, soit dans le dos, soit au niveau de l’abdomen. Ça implique un autre site douloureux. Il est important de préciser que quelle que soit la technique choisie, une bonne année est nécessaire pour obtenir un résultat fini. La patiente subira toujours une première intervention chirurgicale plus importante qui amènera un volume de base dans la poitrine, et plusieurs interventions plus légères en hôpital de jour qui permettront d’améliorer le contour et de reconstruire le mamelon. Une anesthésie générale est préconisée pour chaque intervention. La dernière étape est le tatouage de l’aréole ; cet acte peut être délégué à une infirmière ou une esthéticienne. » Ces interventions sont, dans le cadre d’une mastectomie, remboursées entièrement par la mutuelle.

De la chirurgie, pas de la magie

Le but de la reconstruction, c’est d’essayer de rétablir le schéma corporel. « Un chirurgien n’est pas un magicien », explique le Dr Ronsmans. « Il est presque impossible de reproduire le sein à l’identique de ce qu’il était avant la mastectomie. On s’en rapproche souvent mais on ne peut pas assurer à nos patientes qu’on arrivera à reproduire le sein qu’elles avaient avant. Pour expliquer ces limites, je leur montre des photos pré et post-opératoires, afin qu’elles se rendent compte de ce vers quoi on va. Notre but est qu’après la reconstruction, la patiente soit à l’aise dans son corps, bien dans sa peau et puisse mener une vie normale. »

Et la chirurgie onco-plastique ?

Certaines patientes ne subissent pas de mastectomie mais une tumorectomie. Le sein n’est pas enlevé, seule la tumeur l’est. Il s’agit d’un traitement de conservation du sein. Après avoir subi une tumorectomie, la patiente devra, dans tous les cas, suivre une radiothérapie. Suite à l’ablation
de la tumeur et aux rayons, un phénomène de rétraction cicatricielle peut apparaitre et déformer le sein. C'est là qu'intervient la chirurgie onco-plastique qui permet de remodeler le sein. Après ablation de la tumeur et donc la perte d'un volume, la glande mammaire est remodelée, le "trou" comblé et le sein conserve une belle forme.